Faire affaire avec un cabinet d'avocat coûte la totale. À l'image de Uber et de Lyft qui frappent le monde du taxi, des entrepreneurs veulent changer la façon par laquelle on peut travailler avec les avocats.

Voici ma prédiction de ce match. Technologie 1, Statu quo 0.

Le monde des start-up juridiques est en feu. Certaines évaluations estiment que la taille du marché du droit vaudrait jusqu’à 400 billions de dollars. Le droit n’a peut-être pas encore rattrapé son retard sur les autres domaines, que ce soit par rapport au financement ou à l’adoption généralisée, mais l’avenir est prometteur et arrive à grands pas.

Le domaine juridique est un casse-tête en raison des intervenants frileux et divisés et du nombre considérable de règlementations non uniformes. Ces facteurs ont ralenti les bouleversements, mais les changements sont imminents. Les consommateurs exigent des services juridiques plus efficaces, plus transparents et plus abordables. De leur côté, les avocats sont à la recherche de moyens à la fine pointe de la technologie pour offrir des services concurrentiels dans un marché sursaturé.

Trois zones de l’espace juridique sont sur le point de basculer vers des perturbations majeures en 2015. Lekt, je te propose un petit tour d’horizon des tendances à surveiller.

Le droit de plus en plus accessible

Les penseurs de l’espace juridique sont de plus en plus nombreux. Les technologies mobiles qui permettent d’accéder directement à l’information deviennent lentement la norme. On peut s’attendre à ce que la frontière s'éclaircisse entre les transactions qu’on peut gérer sans l’aide d’un professionnel et celles qui requièrent les services d’un avocat. Ces nouveaux systèmes dans lesquels chacun pourra accéder à de l’information juridique sur le web s’appliqueront aux « microtransactions », qui étaient autrefois hors d’atteinte du domaine juridique. Ces plateformes créeront de nouveaux marchés pour les services qui requièrent des conseils plus ou moins simples comme des contrats commerciaux. Ces systèmes ne remplaceront jamais les avocats, mais ils prendront une part considérable du marché.

On peut s’attendre à ce que la frontière s'éclaircisse entre les transactions qu’on peut gérer sans l’aide d’un professionnel et celles qui requièrent les services d’un avocat.

LegalZoom est la compagnie de services juridiques technologiques la plus connue des consommateurs. Fondée en 2001, elle offre des tarifs considérablement réduits pour la rédaction de documents juridiques normalisés, ce qui évite aux clients d’avoir à faire affaire avec un avocat. Bien que LegalZoom et RocketLawyer, une compagnie similaire à LegalZoom, donnent à de nombreux individus et petites entreprises les moyens d’accéder à une protection légale minimale et abordable, certains ont critiqué ce système. Les critiques ont fait remarquer que ces services facilement accessibles risquent d’engendrer des coûts juridiques encore plus importants dans l’avenir pour ceux qui les utilisent.

Ces compagnies sont peut-être allées trop loin, trop rapidement, et ce, de bien des manières. S’il n’est pas forcément utile d’embaucher un avocat pour exécuter des tâches de routine, l’avis d’un avocat est néanmoins souvent primordial pour comprendre les différentes options stratégiques et pour choisir laquelle convient le mieux.

Sur certains plans, les avocats et la technologie qui permet d’accéder aux services par soi-même peuvent fonctionner en symbiose. Les avocats donnent des conseils sur la façon de procéder, tout en laissant à leurs clients le soin d’effectuer les tâches routinières par eux-mêmes. La plupart des compagnies de services juridiques en ligne ont elles aussi mis au point des moyens de recevoir l’avis de vrais avocats, et cette tendance semble aller en augmentant.

De plus, des compagnies relativement plus jeunes, comme Shake Law, une application mobile gratuite qui permet de créer, de signer et d’envoyer légalement des contrats en quelques minutes, ont étendu la portée des services qui ne requièrent pas l’aide de professionnels. Ils sont maintenant loin des canaux traditionnels par lesquels les services d’un avocat étaient autrefois utilisés. L’année dernière, par exemple, le PDG de Shake, Abe Geiger, a inventé l’expression « tiny law » pour décrire les microtransactions qui se font dans l’économie mobile du partage et du travail à la pige que rend possibles l’existence de tels services en ligne. Ils auraient de toute façon été complètement retirés du marché des services juridiques en raison de leur prix.

Les technologies mobiles redéfinissent le portrait des services auxquels on peut accéder par soi-même, car elles créent des relations juridiques et des structures d’interactions pour ce qu’on aurait autrefois réglé avec une simple poignée de main. On parle d’un prêt rapide entre amis au bar, de l’ami d’un ami qui répare le toit de ta maison ou du garçon de ton cousin qui vient garder les enfants pour la nuit. On peut maintenant rédiger ces contrats intelligemment, de façon à ce que leur valeur soit clairement indiquée, alors qu’autrefois, on n’aurait jamais jugé nécessaire d’engager un avocat pour ce type de transactions.

La future domination des places de marché juridiques en ligne

Les places de marché juridiques en ligne, tout comme les autres places de marché verticales, à la UBER, Airbnb, eBay, gagnent du terrain dans différents secteurs. En raison de la demande des consommateurs, elles connaîtront une croissance rapide et deviendront le principal moyen par lequel nous trouverons des avocats, comme on le fait déjà pour l’aide ménagère, les médecins et les rencontres corps à corps. Le cabinet d’avocat du futur est probablement une place de marché en ligne : des milliers d’avocats connectés au moyen d’une infrastructure légère qui se charge des fonctions administratives, ce qui fait baisser les prix et augmenter la productivité.

le cabinet d’avocat du futur est probablement une place de marché en ligne

De ZocDoc à TaskRabbit en passant par Tinder, on trouve en ligne des biens et des services de toutes sortes. Maintenant, les exigences des consommateurs apportent des changements importants à la manière dont on embauche des avocats. Dans le passé, les entreprises et les individus trouvaient des avocats grâce à des contacts personnels ou en cherchant sur des babillards ou dans les Pages Jaunes... Les Page Jaunes ... LOL! Les références personnelles peuvent s’avérer aussi inefficaces dans le domaine juridique que dans n’importe quel autre domaine : ton réseau ne connaît peut-être aucun avocat qui exerce le type de droit qui convient à ta situation. De plus, tu ne peux vérifier la qualité de la personne recommandée que grâce à une seule référence. Sans compter que la transparence quant au prix et à la valeur du service est quasi inexistante.

Priori offre un réseau d’avocats qu’on peut embaucher à des taux plus bas que les taux habituels du marché, avec un système de facturation entièrement pris en charge. Il existe d’autres places de marché juridiques en ligne qui connaissent un certain succès. UpCounsel permet aux consommateurs de comparer les offres juridiques pour leurs projets. LawDingo met instantanément (j’insiste, vraiment instantanément) en relation les consommateurs avec des avocats qui travaillent à partir de différents états partout aux États-Unis. Enfin, Hire an Esquire permet d’entrer en contact avec des cabinets d’avocat qui ont des effectifs d’avocats flexibles et adaptés à différentes situations.

Des outils de pointe

La recherche juridique, la révision de documents, la facturation, la gestion de projets et l’assemblage de documents faisaient appel à des méthodes de travail nettement dépassées jusqu’à ces dernières années. Toutes ces tâches demandent du temps aux avocats, et comme ces derniers facturent encore généralement leurs services à l’heure, ce temps administratif coûte beaucoup trop cher aux clients.

Récemment, on a pu assister à une véritable explosion d’outils permettant d’améliorer la façon dont les avocats exercent leur pratique. Dans le domaine de la recherche juridique (qui se faisait, jusqu’à tout récemment, de façon particulièrement désuète et inefficace), CaseText, Judicata et RavelLaw créent des remous en démocratisant le processus. Encore une fois ici, le statu quo en prend un coup.

La révision de documents se faisait elle aussi de manière désuète et inefficace, mais plus spécialement, jusqu’à tout récemment, elle était presque entièrement effectuée par le travail humain, à des coûts extrêmement élevés. Ce domaine est bouleversé par des outils d’apprentissage automatisés comme Diligence Engine et Ebrevia. On peut voir clairement comment ces nouveaux instruments permettront aux avocats d’exercer leur pratique de façon plus efficace, ce qui fera économiser des frais aux clients.

Un certain nombre de petites entreprises ont fait leur entrée en scène en se concentrant sur la rationalisation des interactions entre les avocats et leurs clients. C’est une excellente nouvelle, car cela permettra de faire baisser les frais juridiques. Les appels de 5 minutes chargés 50$, j'essaie d'éviter... c'est mauvais pour ma santé mentale.

Parmi les pionniers dans cette sphère d’activité, on trouve LawPal, un outil de gestion de projets ViewABill, un gestionnaire de facturation plutôt populaire auprès des clients, et PlainLegal, un instrument d’automatisation de documents. Dans un secteur où le temps est souvent, littéralement, de l’argent, nous assisterons à davantage d’innovations qui réduiront au maximum les frictions entre les avocats et leurs clients.

Les technologies juridiques connaissent finalement leur heure de gloire, et elles n’en sont qu’au commencement de leur essor. Je gagerais que les trois zones que j’ai mentionnées évolueront toutes de façon spectaculaire au cours de l’année à venir et deviendront presque méconnaissables en cinq ans. L’information juridique banalisée, les places de marché juridiques en ligne et les outils basés sur les processus rendront les avocats plus accessibles et plus abordables.

En ce qui me concerne, c'est une bonne nouvelle.

Note de l'éditeur. Cet article est une adaptation et en quelque sorte un « mashup » de mes perceptions du texte de Basha Rubin.


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Recevoir les conseils d’un avocat devient de plus en plus accessible grâce aux places de marché en ligne. Place aux start-up du droit.

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