La technologie du blockchain qui est derrière le Bitcoin, aura probablement un impact beaucoup plus grand que le MP3 a eu sur l’industrie du disque. Sauf pour une poignée de milliardaires et les actions des grandes corporations du monde financier, tout le monde en sortira gagnant.

C'est tout comme si Poste Canada et Fedex voudraient nous vendre des timbres pour envoyer nos courriels.

En fait, l’histoire se répète. L’efficacité des technologies bouscule toutes les industries. Les robots ont transformé l’industrie du textile et de l’automobile. Les hôtels grincent des dents à cause d’Airbnb et les chauffeurs de Taxi crient à l’injustice par l’arrivé de UBER-X.

Essayons d’entrevoir l’impact qu’aura une devise cryptée (cryto-currency) sur notre monde.

La version courte. Grâce au blockchain, nous n’avons plus besoin d’une tierce partie pour faire la vérification d'une transaction entre deux parties. Le système est conçu pour s’auto-vérifier et ce fait change tout.

Les systèmes bancaires mondiaux seront les premiers à être frappés. La particularité du blockchain est qu’elle élimine la nécessité d'avoir une tierce partie, une entité telle qu'une banque pour vérifier si la transaction est légitime ou non. De ce fait, tous les frais reliés aux transactions bancaires deviennent désormais une véritable joke. C'est tout comme si Poste Canada et Fedex voudraient nous vendre des timbres pour envoyer nos courriels.

Voici la version détaillée.

Commençons par le début

Il est pardonnable de ne pas accorder d’attention au Bitcoin, l’argent sous forme électronique préconisée par des libertaires radicaux et des trafiquants de drogues. Silk Road comme d’autres sites qui penchent vers le côté sombre de la force n’ont pas à être associés avec le Bitcoin. Il faut juste réaliser que les médias traditionnels adorent faire des scandales et tout mélanger sans aller au fond des choses. Quelques titres accrocheurs si tu les as manqués:

Il est toujours bon de se rappeler que le dollar canadien, l’Euro, le dollar US ou PayPal sont aussi utilisés par les criminels. Il serait plus juste de dire que les criminels ont l’oeil pour adopter les nouvelles technologies. Paraît-il que les méchants ont même des comptes Gmail... Ooooouuuu.

Cessons de tout mélanger et regardons le Bitcoin et le blockchain pour ce qu’ils sont. Des technologies puissantes.

« Avec de grands pouvoirs vient de grandes responsabilités. » – L'oncle de Spider-Man

Il se pourrait que le jour où l’histoire de notre époque sera écrite, celle du Bitcoin y occupera une place centrale. Passée inaperçue sauf pour les geeks, les obsédés technologiques, la technologie derrière le Bitcoin nous ouvre peut-être lentement la porte vers un Nouveau Monde, avec d’éventuelles répercussions qui vont bien au-delà des devises monétaires.

La technologie blockchain a le potentiel de déclencher une décentralisation radicale de la société elle-même. C’est ce que suggère Dominic Frisby l’auteur d’un nouveau livre, Bitcoin: The Future of Money.

Les devises digitales pourraient changer la façon dont les gouvernements se financent, rendre les banques redondantes et transformer la façon de diriger les entreprises. Dans le monde de Jeff Garzik, développeur de Bitcoin, le Bitcoin pourrait bien « être la technologie la plus importante depuis internet, un catalyseur de changement dans toutes les sphères de nos vies ».

S’il a raison, le fondateur du Bitcoin aura sa place auprès des grands inventeurs. Mais qui est-il? Jusqu’à ce jour, il est demeuré anonyme. L’idée que l’histoire peut être changée anonymement est tout de même séduisante.

Bitcoin est entré en fonction en janvier 2009, le jour où le gouvernement britannique a annoncé un deuxième renflouement des banques, un événement dont il est fait mention dans un segment de code d’ordinateur caché dans les premiers Bitcoins. On y citait une manchette parue dans le Times: « Chancellor on brink of second bailout for banks ».

La particularité du blockchain est qu’elle élimine la nécessité d'avoir une tierce partie, une entité telle qu'une banque pour vérifier si la transaction est légitime ou non. C'est tout comme si Poste Canada et Fedex voudraient nous vendre des timbres pour envoyé nos courriels.

Cela est significatif pour deux raisons. Satoshi Nakamoto, pseudonyme du fondateur de Bitcoin, était manifestement d’avis que l’objectif derrière le Bitcoin était de remplacer un système bancaire et monétaire imparfait. Il a également laissé entendre qu’il était anglais et qu’il lisait le Times.

La «britannicité» de Satoshi est décelable dans sa langue, ses phrases et son orthographe et jusque dans le fait que ses divers messages, sont horodatés au temps moyen de Greenwich. En fait, il faisait son possible pour ne pas ressembler à l’Américain qu’il est. Le calendrier de ses messages sur un forum de Bitcoin a suggéré qu’il était soit un lève-tard sur la côte est des États-Unis ou un lève-tôt sur la côte ouest.

Cypherpunks, était un groupe de programmeurs qui s’étaient rencontrés à Santa Cruz sous les auspices de l’ordinateur pionnier Tim en mai 1994. Ils avaient pour but de porter atteinte au gouvernement qu’ils considéraient rampant et aux contrôles des entreprises sur internet, en inventant des méthodes de cryptage que les gens pourraient utiliser.
«Levez-vous! Vous n’avez rien à perdre mis à part vos clôtures barbelées. » Une de leurs premières obsessions était une forme de monnaie électronique, une substance qui, selon ce qu’avait prédit l’économiste Milton Friedman, serait le plus grand cadeau qu’internet léguera à l’humanité.

Satoshi semble avoir émergé de ce groupe, ce qui réduit le champ de recherche de Frisby. Après avoir analysé son style d’écriture, ses habitudes de frappes, ses compétences en codages informatiques et son âge probable, Frisby en est arrivé à la conclusion que la personne qui se cache derrière Satoshi est peut-être Nick Szabo, un Californien qui possède un diplôme en informatique et un doctorat en droit. Évidemment, Szabo s’en est défendu sur Twitter.

Avant même que l’encre n’ait pu sécher, à peu près au même moment ou le Bitcoin a été créé, Szabo a écrit un essai intitulé « Shelling Out » sur l’histoire de la monnaie. Il y explorait une remarque du biologiste évolutionniste Richard Dawkins qui allait ainsi: « Money is a formal token of delayed reciprocal altruism ». Plus d’un livre portant sur la psychologie évolutionniste ont été écrit par la suite.

Recréer en ligne la difficulté de l’extraction de métaux précieux, voilà ce que voulait Szabo et ce que Satoshi a réussi. Il faut beaucoup de puissance informatique pour « miner » chaque Bitcoin aujourd’hui, et miner consiste à solutionner de gigantesques calculs mathématiques regroupés sous forme d’algorithmes. Il a également reproduit la fiabilité du papier-monnaie, et ce, sans tierce partie, comme une banque ou un gouvernement pour faire les vérifications nécessaires, ce qui relève du génie.

Comment ça fonctionne ?

Le Bitcoin utilise la technologie du blockchain qui est un code ouvert. Voici les grandes lignes du fonctionnement.

  1. Le blockchain est en réalité un registre public (ledger), un recueil de transactions antérieures stockées par les utilisateurs du Bitcoin partout dans le monde. (En contraste, les systèmes bancaires actuels ont un registre privé)
  2. Quand une machine participe à l’extraction des Bitcoin, il crée une nouvelle section dans ce livre et la repartage avec d’autres machines sous forme cryptée.
  3. Le registre du blockchain, celui dans lequel on peut retracer toutes les transactions depuis la première en 2009, est alors infaillible parce que chaque bloc porte son histoire ancestrale dans son code.
  4. Toutes les machines qui minent sur le système Bitcoin confirment leurs registres entre elles.
  5. Le processus de cette vérification est ce qui s’appelle « miner », et prend en général une quarantaine de minutes à s’exécuter.
  6. Aucune tierce partie ou point central n’est impliqué. C’est là toute la force du blockchain.
  7. Pour se procurer des Bitcoin, il faut passer par un marché d’échange tout comme si on voudrait acheter une devise étrangère. Au Canada, le plus populaire est cavirtex.com (0.75% de frais de transaction). On peut aussi miner des Bitcoin, mais j’aime mieux éviter ce sujet très technique à ce point-ci.
  8. Une fois que nous avons changé notre argent CAN en Bitcoin, nous devons l’envoyer dans un portefeuille digital (wallet). Pour ma part je préfère circle.com
  9. De là, on peut faire des transactions, envoyer et recevoir, des Bitcoin entre deux parties sans aucuns frais.

Puisque le nombre de Bitoin est limité à 21 millions, il est impossible « d’imprimer de l’argent » comme le font les banques centrales du monde entier. Au moment de rédiger cet article, environ 13 millions ont été minés jusqu’à ce jour.

La valeur moyenne d'un Bitcoin se situe environ à 400$ US. Sa valeur varie d'un seconde à l'autre. Ceci donne une capitalisation du marché du Bitcoin dans les alentours de 5 milliards (toujours au moment d'écrire ces lignes). Satoshi en détient une grande partie, il n’a rien encaissé et n’a toujours pas révélé son identité.

Dans l'image ci-bas, voici les valeurs du Bitcoin sur différent marché d'échanges. En tant que canadien, CaVirtex est le marché d'échange que j'utilise pour acheter des Bitcoins.

Les gouvernements ne sont jamais joyeux de perdre du pouvoir

Les gouvernements jalousent les gens qui les font mal paraître. En 1998, Bernard von NotHaus avait commencé à vendre ouvertement des jetons qu’il appelait «liberty dollars» à des gens qui voulaient se protéger de l’inflation. Vous comprenez peut-être maintenant pourquoi Satoshi Nakamoto ne veut pas s’attribuer tout ce mérite.

Comme l’a raconté l’économiste Kevin Dowd dans un essai sur l’avenir de l’argent, après neuf ans de tolérance, le gouvernement fédéral des États-Unis a soudainement arrêté et poursuivi en justice M. Von NotHaus pour contrefaçon, fraude et complot. Son véritable crime a été de faire voir la dévaluation du vrai dollar. Pas étonnant que Satoshi se fasse discret.

Cet article est une adaptation de l'excellent texte de Matt Ridley.

Je reviendrai sur le Bitcoin. Je fais actuellement mes premiers pas avec les marchés d’échanges et les portefeuilles digitaux. L’Internet des choses, la sécurité en ligne, les micro-paiements, aucuns frais de transactions, tout ça est possible avec le blockchain. Attaches ta tuque mon Lekt, le meilleur s’en vient.


À partager

De l'Internet aux courriels et jusqu'aux réseaux sociaux, je crois que l'éco-système du Bitcoin est la prochaine grande révolution d'ici 2020 (... d'ici 6 ans).

Voici comment le phénomène du Bitcoin est en train de transformer notre monde (et non seulement le système financier).

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