Les clients donnent des contrats. Le fruit de ce travail permet de payer les comptes et d’acheter ce qui nous passe par la tête quand il en reste.

Quand notre travail est bon jusqu’à excellent, le bouche-à-oreille fait son propre chemin. En quelques mois/année(s), on arrive à obtenir une liste respectable de clients qui fera en sorte que nous aurons encore plus de clients.

Plus on travaille dans l’unique but obtenir des contrats, plus vite on tombe dans le cercle vicieux du temps contre de l'argent. Nous aurons toujours ce besoin de trouver de plus en plus de clients, jusqu’à l’inévitable saturation de nos ressources. Par ressources, j’entends notre temps, les ressources humaines, nos fournisseurs ou notre propre focus.

Le problème c'est que la majorité d'entre nous passent tout leur temps à travailler pour leur entreprise au lieu de bâtir une entreprise.

La ressource la plus importante pour chacun d’entre nous demeure ce qui nous motive. Nous voulons à tout prix éviter une saturation de ce feu, de cette passion qui nous pousse à faire ce qu'on aime tant faire.

L’équation normale est donc: je ne facture pas, je n’ai pas de chèque en retour. Nous avons l’impression que les inévitables temps morts se transforment comme de l’argent jeté aux poubelles. Elle est l'histoire du quotidien pour la majorité des entrepreneurs.

L'important projet des autres

Un autre problème est le fait de dépenser la majorité de son énergie et de son talent sur les projets des autres. C’est une position réellement ingrate.

Un exemple frappant est le rôle qu’occupent les photographes. Quand on regarde ces photos, c’est la marque Tag Heuer qui nous reste en mémoire, et non le nom du photographe et de son équipe. Ça prendra un deuxième effort pour connaitre qui est l’auteur de la photo, ce que 99.9999% de gens ne feront jamais.

En faisant le parallèle, qu’aurez-vous à présenter en retour de votre côté? Au mieux, un portfolio bien rempli, une liste de clients abondante, des contrats « glamours » et des témoignages convaincants.

Si nous voulons continuer à mettre du pain sur la table, nous aurons besoin de travailler encore et encore... et encore. Nous voudrons payer notre hypothèque comme une garantie d’une retraite digne de ce nom.

Mais Pascal, n’est-ce pas ça le capitalisme? « Travailles fort, et tu arriveras à tes fins mon vieux ». Oui, j’en conviens, mais il y a certainement de meilleures stratégies pour y arriver.

Construire une entreprise et non seulement une liste de clients

Cette dualité est un dilemme classique expliqué par Michael Gerber dans son livre intitulé « The E-Myth ». Les entrepreneurs ( j’inclus les pigistes, les travailleurs autonomes, les micro-entreprises de deux ou trois personnes et les entrepreneurs solos) démarrent tous avec ce rêve d’indépendance et de liberté. Après quelques années, ils se retrouvent finalement prisonniers par leurs propres entreprises.

Qu’est-ce qui s’est produit pour que nous puissions en arriver à ce point? À un endroit où notre propre entreprise est devenue une « job » avec son petit « edge » d’en être le glorieux propriétaire et fondateur? C’est ici qu’il faut comprendre la nuance.

La majorité des pigistes passent tout leur temps à travailler pour leur entreprise au lieu de bâtir une entreprise. Voyez-vous la subtile différence entre les deux? Elle est immense.

Être assis dans la mauvaise chaise

J’ai personnellement vécu cette cruelle situation durant les deux dernières années où je dirigeais mon studio de production sonore entre 2003 et 2010 (j’y mixais des publicités radio et télé). Entrer au studio le matin était devenu une « job » et non plus le plaisir et la fierté d’opérer mon rêve de jeunesse.

Je le vois dans mon propre entourage. Ils sont des amis, des fournisseurs avec qui je fais des affaires et des clients que j’aide. J’estime qu’au moins un tiers de ces gens sont en plein dans le cul-de-sac que je suis en train de décrire. C’est probablement un peu plus encore, mais c’est la proportion que je peux observer à l’oeil nu.

Viable à long terme

La solution est de cesser de continuellement se mettre dans la peau d’un pigiste, d’un gars ou d’une fille sur appel. Il faut reconnaître que le modèle généralement reconnu « je fais XX $ de l’heure et chow-bye la visite » n’est pas une option viable à long terme. Celle-ci sent le « cul-de-sac » à plein nez.

Le temps est venu d’écrire sa légende personnelle, de penser et d’agir comme un « entrepreneur créatif », comme un « appreneur » et comme un actionnaire de l’entreprise que l’on bâtit. C’est dur à avaler, j’en conviens.

Notre fierté et notre ego sont dans l’chemin… Un bouclier d’objection vient à notre esprit: – Je n’ai pas le temps. – C’est à moi, c’est mon bébé, c’est ma business.

Pour sortir du cul-de-sac, il faut se rappeler ce fait. Nous ne pouvons pas être propriétaires d’un bébé, nous pouvons seulement en être responsables. Nous devons nous représenter les mêmes conditions pour notre entreprise. Nous devons l’élever et faire son éducation pour qu’un jour elle puisse marcher d’elle-même sans que l’on ait à la surveiller constamment.

Capituler à l’heure « H »

Avec les opportunités produites grâce à Internet, nous pouvons opérer et exécuter exactement comme une grande entreprise en étant seuls aux commandes. Au lieu de seulement travailler comme un fournisseur, nous pouvons créer une entreprise avec des actifs qui prendront de la valeur avec le temps. Je ne parle pas ici de la façon comptable de dénombrer ce que nous possédons. Je parle d’un actif plus subtil, un actif que l’on peut lire entre les lignes.

Il en existe quatre types et ils sont tous à votre portée. Voici comment arrêter d’échanger uniquement du temps contre de l’argent.

1. L’image et la réputation: devenir la marque inc. Créer et projeter une image de marque professionnelle de façon constante. Jeff Goins est un auteur qui a travaillé cinq ans comme pigiste sans vraiment se soucier de sa marque. « Je ne suis pas vendeur, je suis auteur! » À toutes les fois où il devait soumettre un article à un magazine, il devait quand même se vendre, « pitcher » l’idée de son article et bref, se démener comme s’il était un nouveau venu. Jeff subissait cette médecine même après avoir écrit pour ledit magazine! Après cinq ans à bûcher de cette façon, il en a eu assez.

Nick Cernis a décidé de cesser de travailler pour son entreprise, pour bâtir une entreprise. Il a commencé à écrire sur son blog, http://modernerd.com/, pour le plaisir d’écrire, sans contrats et sans contraintes éditoriales. En moins de deux ans, ce sont les éditeurs qui ont commencé à le contacter pour pouvoir publier ses articles. Le jeu de pouvoir s’est renversé. Maintenant, c’est lui qui choisit. C’est lui qui est en position de négocier. Ce sont les éditeurs entre eux qui se font compétition pour obtenir ses articles et non lui, face à chaque éditeur. Il y a deux univers entre une position et l’autre.

2. Le mobilier digital: devenir agent immobilier inc. Le but ici est de construire jour après jour de l’immobilier digital qui grandit et prend de la valeur avec le temps. Celui-ci viendra aussi appuyer naturellement l’image de votre entreprise. David Airey est un travailleur graphique indépendant. Depuis 2006, il écrit sur son blog DavidAirey.com et plus récemment sur LogoDesignLove.com. Il a investi des centaines d’heures par année dans ses blogs. Des heures où il aurait pu travailler pour des clients ou bien trouver de nouveaux contrats. Mais maintenant, il n’a plus à chercher de contrats. Ce sont les clients qui viennent à lui que ce soit aussi loin que du Japon ou bien du Canada. Son blog lui a aussi permis d’obtenir une entente avec un éditeur réputé, Peachpit Press.

3. Un actif de réputation: devenir les publications inc. Construisez une liste de contacts qui désirent connaître vos idées, vos produits et de vos services. Selon Seth Godin, le « marketing permissif » que je préfère personnellement appeler le « marketing d’autorité » est le privilège (et non le droit) d’envoyer des messages à des gens qui désirent bien les recevoir. Un actif d’autorité peut être une liste de courriel, une liste de souscription à un blog, un groupe Facebook ou bien des gens qui nous suivent sur Twitter.

Voici un exemple. Tous les jours, Hugh MacLeod Conway envoie une bande dessinée à tous ceux qui sont inscrits à sa liste d’envoi. Ils sont libres d’imprimer ceux-ci ou bien d’acheter une version haute résolution imprimée en édition limitée par l’artiste. Parmi ceux-ci, il y a assez des lecteurs qui appuient Hugh, ce qui fait en sorte qu’il possède une entreprise très rentable.

4. Un actif de produits: devenir un détaillant inc. Pourquoi ne pas convertir ses connaissances et ses habiletés en produits physiques et/ou digitaux à vendre. Voyez-le comme une boîte tangible qui se retrouvera sur une étagère d’un Bureau en gros ou d’un Costco. Si vous êtes capables d’offrir un service professionnel à vos clients, vous pouvez certainement réussir à créer votre propre ligne de produits. Cela veut dire que vous pouvez concevoir une nouvelle source de revenus qui grandira elle aussi avec le temps. En plus, cela vous libérera de la course contre la montre qui consiste à échanger votre temps contre de l’argent.

La photographe et écrivaine Suzanne Conway, gagne bien sa vie grâce à ses cours en ligne combinant la photographie et le développement personnel. Matthew Inman s’est libéré de son travail quotidien en créant un phénomène populaire sur theoatmeal.com. Il y présente ses propres bandes dessinées qu’il revend comme affiches, impressions de toutes sortes, en plus d’un quatrième livre à venir.

Le temps de prendre le temps…

Il n’est certainement pas facile de trouver le temps pour créer des actifs d’autorités. À court terme, travailler sur le projet d’un client qui nous permettra de mettre du pain sur la table pour les prochaines semaines est plus évident, que de s’arrêter pour développer sa vision à long terme. Pour le bien de votre santé à long terme, de votre richesse, et de votre créativité, vous avez probablement besoin de prendre cette importante décision. Pensez aux entreprises les plus novatrices. De 10% à 20% du temps du personnel est réservé au développement de nouveaux projets.

Traduction: 10% à 20% du temps des employés est réservé à la création de nouveaux produits qui ont le potentiel de projeter l’entreprise vers de nouvelles opportunités d’affaires. De plus, ce temps entretient l’élément le plus important chez tout être humain: ce fameux feu et cette passion qui nous pousse à nous lever le matin. Personnellement sans ce 20%, je ne sais pas comment je pourrais survivre.

Premier pas

Supposons que vous investissez une demi-journée par semaine à créer l’actif de votre propre entreprise. Où pourriez-vous être dans un an, dans cinq, et où seriez-vous dans dix ans? Qu’est-ce qui vous arrête? Comment la qualité de votre vie pourrait-elle prendre de l’expansion si vous aviez un meilleur actif d’autorité?

Cet article est une adaptation du texte de Mark McGuinness.


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J'ai une bonne et une mauvaise nouvelle.

Si faire XX $ de l'heure ne te satisfait pas, ça veut dire qu'échanger ton temps contre de l'argent n'est peut-être pas ta tasse de thé. Voici comment changer la donne et faire les premiers pas vers cette liberté.

La mauvaise nouvelle est que cette liberté demande des efforts. La bonne est qu'il n'a jamais été aussi facile d'y arriver.

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